La forêt est bien plus qu’un simple réservoir de bois. Elle abrite une biodiversité complexe, une richesse écologique insoupçonnée… et possède souvent un fort potentiel nourricier. Dans cette optique, un mariage prometteur se dessine entre traitements sylvicoles traditionnels et mise en valeur des comestibles forestiers. Regard sur cette rencontre fertile.
Qu’est-ce qu’un traitement sylvicole ?
Un traitement sylvicole est une intervention planifiée qui vise à orienter le développement d’un peuplement forestier. Il a comme objectif soit son renouvellement, soit l’augmentation de son rendement en volume. Ces interventions ciblent uniquement la strate végétale supérieure — les arbres.
On distingue trois grandes catégories de traitements sylvicoles : 
- Les traitements favorisant la régénération naturelle (laisser la nature reprendre ses droits, avec un coup de pouce)
- Les traitements de régénération artificielle (plantation de nouvelles espèces)
- Les traitements d’éducation (sélection et éclaircie pour favoriser les sujets en fonction de nos objectifs)
Un écosystème nourricier en devenir
Au-delà du bois, un écosystème forestier possède un potentiel nourricier : c’est-à-dire une capacité écosystémique à développer des populations de comestibles forestiers. Celui-ci peut inclure des PFNL déjà présents (champignons, petits fruits, plantes médicinales…) qu’il suffit de bonifier par diverses interventions ciblées ou encore permettre l’introduction de nouvelles cultures de comestibles adaptées. C’est la définition même d’un jardin forestier.
Faire converger productivité et comestibilité
Pour une gestion forestière holistique, il est important de comparer le traitement sylvicole envisagé du point de vue conventionnel au potentiel nourricier de l’écosystème. Cette lecture croisée permet d’envisager des scénarios d’aménagement intégrés, qui maximisent à la fois le rendement 
L’intervention ne doit donc pas se limiter aux arbres. Elle doit prendre en compte toutes les strates végétales de la forêt: les arbustes, les plantes herbacées, les champignons sauvages, la mousse et la régénération naturelle.
La mycosylviculture : cultiver le bois… et les champignons !
Un exemple particulièrement inspirant de cette approche intégrée est la mycosylviculture. Cette pratique regroupe l’ensemble des interventions visant à produire à la fois du bois de qualité et des champignons symbiotes gastronomiques (comme les chanterelles, cèpes o
u lactaires délicieux).
Nous savons depuis plusieurs années que les champignons gastronomiques les plus recherchés fructifient davantage dans des peuplements aménagés et éclaircis.
La mycosylviculture fait appel aux outils traditionnels de la sylviculture, mais la lecture écosystémique qu’elle requiert, inclut les relations mycorhiziennes qui unissent les champignons symbiotes présents à la strate végétale supérieure que l’on s’apprête à aménager.
Ces informations influencent directement la prescription sylvicole :
- Dans un traitement d’éducation, elles guident le choix des essences à préserver et la structure finale de la forêt.
- Lors d’un reboisement, elles déterminent les espèces à introduire pour favoriser les relations symbiotiques et stimuler les fructifications.
Vers une sylviculture nourricière
Cette vision intégrée de la forêt appelle à une gestion fine, écologique et multifonctionnelle, qui valorise à la fois la matière ligneuse et la richesse alimentaire qu’offre le sous-bois. La forêt peut ainsi devenir un véritable panier nourricier, en harmonie avec sa fonction première de puits de carbone et de réservoir de biodiversité.
En conciliant traitements sylvicoles et potentiel nourricier, nous traçons les contours d’une forêt vivante, généreuse et durable, capable de nourrir les humains tout en protégeant la vie qui s’y déploie.
Si le sujet vous intéresse, je vous invite à découvrir notre page Web dédiée à la conception d’une forêt mycologique.
Merci de votre attention.
