Lorsque je dois faire un inventaire de comestibles sauvages en vue d’établir des sites de cueillette, tant sur les terres privées que sur les terres publiques, cela m’oblige parfois, afin de maximiser mes déplacements sur le terrain, à choisir parmi les écosystèmes présents ceux qui m’apparaissent être les plus pertinents à visiter.
Nous retrouvons des plantes comestibles sauvages dans presque tous les écosystèmes agroforestiers du Québec. Mais d’après mon expérience, certains écosystèmes sont plus intéressants que d’autres en raison de deux critères : l’abondance d’espèces dans l’écosystème concerné et le potentiel gastronomique des comestibles sauvages que l’on y trouvent. Voici donc mes coups de cœur pour des cueillettes assurées de comestibles de qualité.
Érablière sucrière
L’érablière sucrière représente mon écosystème préféré pour sa capacité très grande à accueillir la biodiversité végétale; il peut facilement être transformé en jardin forestier de comestibles ou de végétaux médicinaux (voir à ce sujet, l’article intitulé Éveillez le potentiel de votre érablière par la biodiversité. Mais l’érablière sucrière est aussi un écosystème très riche en comestibles indigènes dont certains ont une très grande valeur gastronomique.
Espèces caractéristiques de cet écosystème :
Strate arborée : chêne bicolore, érable à sucre, érable rouge, hêtre à grande feuilles;
Strate arbustive : noisetier à long bec, ronce odorante;
Strate herbacée : aralie à grappes, aralie à tige nue, asaret du Canada (gingembre sauvage), cardamine carcajou, érythrone d’Amérique, uvulaire à grandes fleurs, violette et bien sûr, ail des bois;
Écosystème ouvert et semi-ouvert sur sol moussu de sphaigne (bord de lac/pessière noire/mélèzin/cédrière)
J’ai regroupé sous cette appellation plusieurs écosystèmes plus ou moins parents dont la caractéristique commune est de posséder un sol moussu de sphaigne. Dans ce type d’écosystème vous retrouverez bon nombre de comestibles sauvages dont la valeur gastronomique est déjà fortement confirmée sur le marché des PFNL.
Espèces caractéristiques de cet écosystème :
Strate arborée : épinette noire, mélèze laricin, pin gris
Strate arbustive : aronia noir, bleuet sauvage, gadelier glanduleux, myrique baumier (autour des lacs), thé du Labrador, thé des bois, viorne cassinoïde;
Strate herbacée : catherinette, petit thé des bois;
Strate mycologique : chanterelle en tube, hydne ombiliqué (pied de mouton).
Écosystème riverain sur sol argileux
Nous retrouvons cet écosystème le long de rivière au profil serpentant typique des Basses terres du St-Laurent. Le sol y est souvent argileux et peut parfois subir des inondations périodiques. C’est l’écosystème idéal pour quelques variété de comestibles sauvages dans un paysage généralement fort inspirant.
Espèces caractéristiques de cet écosystème :
Strate arborée : tilleul d’Amérique;
Strate arbustive : sureau du Canada;
Strate herbacée : fougère-à-l’autruche (tête-de-violon), vigne de rivage (raisin sauvage), ortie du Canada.
Écosystème associé à l’activité humaine (friche abandonnée, bûché récent)
Les meilleurs sites de récoltes d’espèces fruitières arbustives sont souvent associés à l’activité humaine. Les bordures de chemins, les champs à l’abandon, les sites récemment coupés sont tous d’excellents endroits pour la recherche d’arbustes producteurs de fleurs et de fruits ou d’herbacées comestibles ou médicinaux.
Espèces caractéristiques de cet écosystème:
Strate arborée : pommier sauvage, tilleul d’Amérique ;
Strate arbustive : aubépine, cerisier de Virginie, comptonie voyageuse (partie nord du territoire), framboisier sauvage, mûre sauvage, noisetier à long bec, spirée à larges feuilles (thé du Canada), sumac vinaigrier, viorne trilobé ;
Strate herbacée : asclépiade commune, fraisier sauvage, marguerite blanche, mélilot blanc.
En conclusion
La liste de comestibles sauvages que j’ai préparée pour vous n’est pas exhaustive, j’en suis très conscient. La variance des conditions de croissance des végétaux mentionnés dans un écosystème donné peut aussi faire varier l’occurrence des végétaux que nous pourrions s’attendre à rencontrer. Dis plus simplement, vous ne retrouvez pas systématiquement tous les espèces mentionnées dans la première liste de mon article dans tous les érablières que vous allez rencontrer sur votre chemin. Il s’agit d’une synthèse, gardez cela en tête.
Certaines plantes mentionnées dans cette article doivent être cueillis avec parcimonie et discernement à des fins de découvertes personnelles et ce, afin d’éviter leur extinction. Je pense à l’asaret du Canada (gingembre sauvage), à la cardamine carcajou, à l’uvulaire à grandes fleurs et bien sûr à l’ail des bois. Ce sont des PFNL de grand intérêt mais vulnérables à la cueillette. Certaines lois existent à ce propos, voir: Espèces menacées ou vulnérables au Québec
Si vous avez des questionnements relatifs à cet article ou si vous désirez avoir des informations sur nos visites de reconnaissance, nos plans de cueillettes ou nos jardins forestiers, n’hésitez pas à me contacter. Juin, juillet et août sont les mois les plus désignés pour la réalisation d’inventaire de la plupart de nos PFNL, comestibles ou médicinaux.
Merci de votre précieuse attention.
Daniel Lachance, fondateur du Chêne aux pieds bleus
450.421.4862 ou info@lecheneauxpiedsbleus.com
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Le Chêne aux pieds bleus croit qu’il est temps de réévaluer l’approche sylvicole traditionnelle de nos forêts à la lumière de l’Écoforesterie, de la Permaculture végétale et de l’Agroforesterie naturelle.